Nous sommes en décembre 1965. Sa voix est très lente et rocailleuse.
Il sourit en m’offrant une poupée aussi grande que moi.
Il parle sans cesse en ventant tous mes mérites.
Moi, je suis tétanisée car je n’ai pas encore mon cadeau totalement en main.
Je tente de me rassurer en compressant la main de mes deux grandes sœurs.
Cette situation inconfortable et stressante me fait me trémousser sur place.
C’est l’arbre de Noël de la SNCF à la Gare de l’Est à Paris puisque mon père y travaille.
Je ressens au fond de moi l’odeur un peu acre de ce lieu immense.
J’ai une guimauve entre les doigts qui bien sûr s’est transformée en une pate informe dont je ne sais plus que faire.
Les cheveux de ma poupée sont incroyablement soyeux, blonds et très ondulés.
Le manque d’éclairage me fait apercevoir le sourire du clown blanc tantôt triste et tantôt gai mais dans tout les cas extravagant.
Je vois son chapeau pointu qui n’en finit pas.
Je pense que les paillettes qu’il vient de disperser sur la scène ne sont que pour moi.
Du coup, j’ai souri avec « J’ai besoin de paillettes dans ma vie Kevin ».